Communication de l’Association France Palestine Solidarité

La résolution de l’ONU sur Jérusalem : un bien mauvais procès de la part des inconditionnels de la colonisation israélienne.

Les inconditionnels de la politique israélienne se déchaînent en ce moment contre la dernière résolution adoptée par l’ONU sur Jérusalem, fort heureusement votée par la France aux côtés d’une écrasante majorité des États membres de l’ONU.

Cette résolution rappelle d’abord les condamnations constantes par l’ONU des mesures prises par Israël à Jérusalem, et le caractère illégal de son annexion.

Elle souligne fort opportunément que « tout règlement global, juste et durable de la question de la ville de Jérusalem doit tenir compte des préoccupations légitimes des deux parties, palestinienne et israélienne, en application du droit international, et comporter des dispositions assorties de garanties internationales qui assurent la liberté de religion et de conscience de ses habitants, et garantissent aux personnes de toutes les religions et nationalités l’accès permanent, libre et sans entrave aux Lieux saints ».

Les détracteurs de cette résolution critiquent particulièrement l’utilisation du terme « Haram Al-Sharif », traduit par « Esplanade des Mosquées » dans la version française de la résolution. Ce sont pourtant les dénominations utilisées pour toutes les résolutions de l’Assemblée Générale de l’ONU et les déclarations de son Conseil de Sécurité depuis des décennies. Ces dénominations sont fidèles à la réalité d’un lieu emblématique de l’identité palestinienne, au-delà de la signification religieuse de ce « lieu saint » de l’Islam. Elles n’avaient pas fait l’objet de commentaires particuliers après le vote d’une résolution comparable en 2018.

La revendication de désigner cette esplanade par une autre dénomination pour faire référence à l’« identité juive » de Jérusalem est loin d’être innocente : c’est celle des colons violents et des religieux juifs fanatiques qui, presque tous les jours, avec la protection de l’armée israélienne, viennent provoquer les Palestiniens sur l’Esplanade des Mosquées, avec l’objectif assumé de briser le statu quo en vigueur depuis 1967.

Ce sont des provocations qui viennent s’ajouter à la colonisation, aux démolitions de maisons, aux expulsions d’habitants ou à la révocation de leur droit de résidence, à l’isolement de Jérusalem du reste de la Cisjordanie par le mur de l’annexion et de l’apartheid, aux arrestations quotidiennes, aux agressions des colons, à leurs appels au meurtre contre la population palestinienne… et au forage de tunnels sous toute la surface de l’Esplanade des Mosquées, un ensemble d’exactions explicitement dénoncées par la résolution de l’ONU.

Les groupes communautaires qui s’insurgent en France contre la résolution de l’ONU sont les mêmes qui, en novembre 2017, demandaient au président de la République de suivre Trump dans sa politique sur Jérusalem. Les femmes et hommes politiques qui croient bon de les soutenir au mépris du droit international sont complices des fanatiques qui, à Jérusalem, mènent tous les jours de nouvelles provocations et rêvent de déclencher une guerre de religion pour parachever leur projet colonial.

Le Bureau national de l’AFPS,
le 16 décembre 2021

communication après le référendum de Nouvelle-Calédonie

Message de l’Association Abraham Mazel à propos de la troisième consultation d’autodétermination prévue par les accords de Nouméa pour un référendum sur l’indépendance de la Nouvelle Calédonie.

 

Proclamer une victoire du Non à l’Indépendance suite à un vote le 12 décembre  2021 à caractère politique et non juridique, auquel la majorité de la population concernée n’a pas participé, est une absurdité débouchant sur une impasse démocratique qui ne devrait échapper à personne.

 

Y compris à l’actuel gouvernement français qui, dans ses premières réactions à l’annonce des résultats, semble avoir abandonné les promesses antérieures de la France: celles de 1946 à l’ONU, celles de 1988 avec les accords de Matignon, celles de 1998 avec les accords de Nouméa, et enfin celles d’octobre 2019, portées alors par la voix de son premier ministre Edouard Philippe lors de la 19ème session du comité de suivi: « L’Accord de Nouméa prévoit que, en cas de non au deuxième référendum, il est possible de tenir un troisième référendum dans les deux ans qui suivent le deuxième. Nous avons exclu que cette troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022. Il nous est collectivement apparu qu’il était préférable de bien distinguer les échéances électorales nationales et celles propres à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ».https://www.vie-publique.fr/discours/271226-edouard-philippe-10102019-nouvelle-caledonie-accord-de-noumea .Or c’est sur cette base que les indépendantistes ont demandé l’organisation de la consultation en septembre 2022 (soit après les élections présidentielles française et non avant conformément à l’accord collectif).

 

On sait que cette ultime parole de l’Etat a été reniée, suite aux pressions des adversaires locaux et nationaux du processus de décolonisation, pourtant préparé collectivement et soigneusement de si longue date, et qui avait finalement abouti à un premier rééquilibrage prometteur des pouvoirs dans des institutions largement autonomes prévues par ces accords de Nouméa. Institutions qui ont fait la preuve de leur fonctionnement acceptable par tous.

 

Pour un libre avenir de paix et de prospérité partagée, il conviendrait donc que toutes les parties prenantes du processus de décolonisation, et des accords qui se sont succédés dans ce cadre, renouent un dialogue apaisé pour maintenir en place à titre transitoire les institutions de l’accord de Nouméa et pour poursuivre la construction d’un projet collectif viable, respectueux des droits et de la dignité des toutes les composantes de la société calédonienne – et en particulier de son peuple autochtone, conformément à la Charte des Nations Unies. C’est politiquement souhaitable et juridiquement possible puisque ce référendum a été conçu et nommé comme une « consultation », dont les résultats ne sont pas juridiquement contraignants mais appellent à de nouvelles avancées juridiques acceptables et significatives pour satisfaire de manière équilibrée les populations du territoire dans leur diversité.

 

Association Abraham Mazel, le 13 décembre 2021